Mon avis de psychologue sur le film Freud : entre refoulement, inconscient et mécanismes de défense
- marie de rosen
- 21 juin
- 2 min de lecture
Le film Freud, sorti récemment en France, propose une plongée saisissante dans la pensée du père de la psychanalyse. En tant que psychologue clinicienne et cofondatrice de Nevaya, j’ai trouvé que le film mettait en scène avec justesse plusieurs concepts fondamentaux de la psychanalyse, notamment la place de l'inconscient, la nature des mécanismes de défense, et l'accès au refoulé.
Ce que les gens se cachent à eux-mêmes : l'essence même de la psychanalyse
Une phrase prononcée par Freud dans le film résume brillamment l’approche psychanalytique : « J’ai pour principe de trouver que ce que les gens me cachent est plus intéressant que ce qu’ils ont à me dire. » Cette formule reflète parfaitement le cœur de mon travail en consultation : ce que le patient dit volontairement (le discours manifeste) est souvent moins révélateur que ce qui échappe à son contrôle – les lapsus, les oublis, les répétitions, les associations libres.
Le rôle du psychanalyste est alors de repérer ces indices pour accéder à ce qui est refoulé, inconscient. Le film illustre cela de manière particulièrement réussie à travers les deux personnages principaux : tous deux résistent dans un premier temps, puis se laissent peu à peu traverser par des souvenirs enfouis – douleurs d’enfance, traumatismes de guerre… Un exemple saisissant du fameux "retour du refoulé".
La religion comme mécanisme de défense selon Freud
Le film aborde aussi la position très critique de Freud vis-à-vis de la religion, qu’il considère comme un mécanisme de défense face à une angoisse universelle : l’angoisse de mort. Cette idée fait partie intégrante de sa pensée théorique, mais j’ai trouvé intéressant que le film introduise aussi une lecture plus intime.
Une scène montre Freud enfant, séparé brutalement de sa nourrice – renvoyée par son père en raison de sa religion. Pour moi, cet épisode peut illustrer un autre mécanisme de défense : le déplacement. Il est possible que Freud ait déplacé la douleur liée à cette perte affective vers un rejet global de la religion, afin de ne pas accuser son père et d’éviter un conflit de loyauté vis-à-vis de lui. C’est une interprétation psychodynamique plausible, qui donne encore plus d’épaisseur à la figure de Freud dans le film.
Une psychanalyse toujours vivante
En tant que clinicienne, ce film m’a semblé être une belle porte d’entrée vers des concepts souvent abstraits : refoulement, inconscient, résistance, mécanismes de défense… Il les rend visibles, presque sensibles. J’ai aussi apprécié le rythme lent du film, qui épouse celui d’une parole en train d’émerger, dans ses hésitations et ses silences.
Chez Nevaya, ces concepts psychanalytiques continuent d’éclairer nos accompagnements, notamment auprès des étudiants et jeunes adultes. Comprendre ce que l’on se cache à soi-même, découvrir ses automatismes psychiques, donner du sens à ses émotions ou ses comportements : c’est ce que nous travaillons chaque jour dans nos consultations.

Comments